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Adhérer à notre club c'est intégrer un groupe d’amis, découvrir des parcours variés et entretenir sa motivation.
Deux sorties hebdomadaires sont organisées , le mercredi et le dimanche matin:
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trois groupes de niveau (les vélos avec assistance électrique sont acceptés)
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horaires de départ variant de 7h30 au plus tôt en été à 9h/10h en décembre/janvier/février (voir fiche parcours)
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distances variant selon la période de l'année, globalement de 70 à 110 kms.
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départs parking de la Place Jean Jaurès face à la Maison commune.
Rejoignez-nous et profitez d'une sortie d’essai pour tester l’ambiance du club !
Date mise à jour : 26/10/2024
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Le Paris-Brest-Paris 2023 (PBP) a vraiment été une aventure et un défi pour Elie et moi au-delà même de ce que nous pensions…
Tout d’abord quelques chiffres qui résument cette randonnée hors norme de 1220 km:
6820 inscrits dont 4800 étrangers de 71 nationalités, 5100 partants dans les vagues de près de 300 cyclistes tous les ¼ d’heure du dimanche après-midi au lundi matin.
4800 randonneurs ont validé leur parcours c’est-à-dire ont validés les 15 contrôles intermédiaires dans les heures d’ouverture de chacun d’entre eux et l’ensemble des 1220km dans les 90h limites.
Il y avait seulement 6% de femmes.
2500 bénévoles ont aidé à la logistique de l’événements sans compter les très nombreux supporters habitants de Normandie et Bretagne qui nous ont acclamé et parfois ravitaillé tout au long du parcours souvent très tard dans la nuit !
La météo a été clémente (pas de pluie) avec une moyenne de +6°C par rapport aux 2 éditions précédentes de 2015 et 2019. Il faisait très chaud de la fin de matinée au début de soirée. La température nocturne n’est pas tombée sous les 10°C.
En ce qui nous concerne, nous avons bouclé la distance en 85h et notre classement 3061ième et 3062ième sont proches de la moitié du classement de ceux qui sont arrivés au bout. Cela signifie que nous avons parcouru 350 km par tranche de 24h, c’est beaucoup (trop au moins pour moi !)… Ça ne laisse pas beaucoup de temps de sommeil. Nous avons dormi 2 fois 3h les deuxième et troisième nuits et passé des nuits blanches la première et dernière nuit. C’est le lot de tous les concurrents du fait du format de cette course.
Mais revenons au déroulé de ces quelques jours.
Après un vendredi soir et samedi matin mouvementés à cause du problème du moyeu de la roue arrière du vélo d’Elie, nous avons passé les dernières 24h avant le départ de dimanche 19h30 plutôt paisibles et concentrés. Ce temps nous a permis de nous reposer et d’affiner les derniers préparatifs en imaginant une feuille de route. Bien sûr, nous ne l’avons pas tenu mais établir des scénarios permet de rendre la randonnée concrète et apaise l’esprit. Par exemple, en prenant connaissance du carnet de route qui nous a été donné avec les plaques de cadre le samedi matin, j’ai réalisé la vraie contrainte des heures d’ouverture et surtout de fermeture des 15 points de contrôle (CP) intermédiaires. Si on s’arrête trop longtemps pour dormir au « mauvais » moment on peut se retrouver en retard à un PC.
Après un dimanche matin à l’hôtel passé à prendre un bon petit déj, farniente puis déjeuner sur la terrasse, nous partons chargés vers Rambouillet, point de départ du PBP (sacs à dos + 1 roue de prêt supplémentaire…). Le train de banlieue est blindé de vélos ! Une fois arrivé, direction le parc du château de Rambouillet puis la « bergerie » pour nous changer et laisser nos affaires à la consigne. Bien organisé mais 1,5km sépare ce bâtiment du départ.
Ultime vérification du vélo et du matériel dans les sacoches. Pour moi, sacoche de cintre à l’avant avec 2 chambres à air, une frontale, un drap, un bivy léger et un oreiller gonflable ainsi qu’une mini trousse de toilette (dont une brosse à dents, si, si). Sous la selle, un maillon manche longues et une veste de pluie. Sacoche de cadre avec principalement manchettes, jambières, coupe-vent court et
fluo pour la nuit, coupe-vent long. Sacoche de top tube avec porte-monnaie, carte de route et les câbles et chargeurs pour l’électronique. Tout est en place, nous sommes prêts.
Enfin le PBP devient concret et la tension se change en impatience et excitation. Elie me dit plusieurs fois qu’il a hâte, plus sur la retenue, je suis aussi heureux maintenant. Nous partons avec une grande confiance sur notre capacité à aller au bout en moins de 90h. Et malgré la difficulté au cours du parcours nous n’avons jamais douté.
Je dis à nouveau à Elie qu’il n’est pas obligé de m’attendre s’il veut tracer. Il me répète à chaque fois, qu’il ira peut-être plus vite quand on se rapprochera de Brest mais que de toute façon il veut m’attendre à Brest et faire le retour avec moi. Le point de divergence entre nous est qu’il vaudrait bien atteindre Brest d’une traite et assez tôt dans la nuit de lundi à mardi, j’ai des doutes sur mes capacités à réussir (mon BRM600 bouclé en 36h a été une expérience dont je gardais la leçon…). J’avais dit à la famille que mon objectif était de prendre le petit déj à Brest … dans la matinée.
18h30, un bénévole portant une grande pancarte siglée d’un grand O, nous indique qu’il faut se rassembler pour notre sas de départ (nous sommes O137 et O160). Nous cheminons au pas dans une allée du château, passons le contrôle rapide du vélo (éclairage) et gilet jaune fluo pour la nuit, puis le tampon Rambouillet km0 sur notre carte de route pour atteindre la ligne de départ à 19h15. Un speaker commente et fait monter l’excitation accompagné de musique puis le compte à rebours 10, 9, 8… et c’est parti tout tranquillement sur l’allée caillouteuse du parc. Une fois la route atteinte la vitesse monte avec une bonne bouffée d’adrénaline et l’euphorie est bien là : ç’est parti et j’ai la banane. Les 10 premiers km sont régulés par une voiture et un motard à 30km/h max. Nous remontons progressivement le peloton pour nous retrouver dans le gros groupe de tête derrière la voiture. Puis au bout des 10km, les chevaux sont lâchés, la vitesse monte d’un cran – la route est plate et très roulante. Elie part, les bras bien calés sur ses prolongateurs, je n’ai plus qu’à m’accrocher et suivre…
Pas si difficile, mon vélo est assez léger (un peu moins de 4kg de bagage ; Elie est parti encore plus léger comme d’habitude : à 20 ans on n’est pas frileux). Et surtout je trouve mon vélo super agréable, bien équilibré, super roulant avec l’inertie du poids d’une randonneuse équipée et des pneus de 32.
Elie est généreux est passe souvent en tête des pelotons. La vitesse tourne un peu au-dessus de 30km/h.
Les 120km jusqu’au PC n°1 sont bouclés en quasi 3h30, il est à peine plus de minuit. Nous prenons le temps d’un bon ravito, notre dîner à Rambouillet à 18h est déjà loin et il faut tenir la nuit. Nous repartons pour abattre les 80km jusqu’au PC 2 que nous atteignons à 3h40. Nous ne ressentons pas de fatigue mais profitons de chaque arrêt pour manger, souffler et refaire le plein d’eau. Il y a un monde fou à chaque PC ce qui fait perdre du temps. On me l’avait dit mais je ne l’avais pas anticipé à ce point-là. Nous terminons la nuit par un run de 90km jusqu’à Fougères km 293. Tout va bien nous sommes toujours à presque 30km/h de moyenne, la route est facile même si elle est de plus en plus vallonnée.
La journée de lundi continue de passer sur la lancée de la nuit de contrôle en contrôle tous les 80-100km, pas de soucis de ravitos ou d’eau et chaque arrêt nous permet de souffler un peu. 17h30 à Loudéac, 435km sur la base de 25km/h de moyenne, c’est super encourageant. L’étape suivante à 482km vers 22h nous décidons de dîner et nous reposer : la fatigue monte et de toute façon impossible de viser Brest 120km plus loin sans dormir. Elie décrète que 3h30 de dortoir sera bien pour assurer 2 cycles de sommeil. On ajoute l’option douche.
Un bénévole nous attribue des lits de camp et vient nous réveiller à l’heure convenue. La logistique est aussi assurée pour ces aspects-là.
Réveil mardi vers 2h-2h30 du matin, le temps de se préparer et direction Carhaix passé à 4h puis après petit dej ravito et une sieste clandestine sur un ravito le long de la route où nous dormons 30min sur des chaises, nous arrivons à Brest à 9h. La distance entre Carhaix et Brest est très accidentée avec 2 belles montées pour traverser les Monts d’Arrée. Au petit matin je suis plus réveillé qu’Elie que je devance (je contribue aussi un peu). Je me fais même bien plaisir en roulant à bonne allure dans cette partie montante entre 3 et 6-7% en doublant plein de cyclistes.
Nous entamons une longue journée où le gros du dénivelé se trouve sur les 150km depuis Brest. Nous atteignons Loudéac (un peu moins de 800km) seulement en fin de journée à 20h30 et réussissons à rouler jusqu’à près de 2h du matin pour dépasser les 850km. Arrêt dodo, même tarif de 3h…
Le réveil, ce mercredi matin est douloureux, Elie n’arrive pas à démarrer, il me dit qu’il lui faut se reposer un peu plus. Nous nous allongeons à nouveaux dans le hall du dortoir pour ajouter une grosse demi-heure de repos. Les organismes sont fatigués…
Quand nous démarrons, nous savons que les 350 derniers km seront longs. Pas de conjecture sur le tempo, ni sur des estimations d’heure d’arrivée. Nous restons chacun silencieux sur l’objectif de la journée. On prendra chaque étape comme « elle viendra ». La chaleur monte assez vite dans la matinée rendant notre progression un peu plus difficile encore. Mais l’on progresse : 11h nous dépassons Fougères et les 900km, 17h et les 1000km. Je regarde les messages sur WhatsApp : l’inquiétude du groupe VCG monte ! J’apprends que Fabrice a peut-être abandonné. Certes, il nous reste 200km à couvrir mais aussi du temps puisque nous avons jusqu’à 13h30 le lendemain jeudi. Cela signifie qu’il faut rouler encore une bonne partie de la soirée et de la nuit pour assurer la réussite de ce PBP.
Nous continuons et assez vite nous sommes rattrapés par un petit groupe de 5 cyclistes dont nous prenons la roue. Ils roulent bien, nous comprenons vite que le tempo est donné par un couple d’américains qui donnent la règle : tu prends la roue si tu prends aussi des relais. Banco, un ballet de relais s’organise avec un changement de leader tous les km. Le temps passe plus vite, nous avançons bien et discutons un peu en oubliant notre fatigue. De vrais cyclo qui nous parlent de la beauté des Pyrénées Ariégeoises où ils ont passés des vacances avant le PBP. Avant le CP ils s’arrêtent. Dommage, nous continuons et parvenons épuisés au km 1100 à Mortagne-au-Perche à 22h. Heureusement cette soirée et ce couché de soleil à travers le Perche est plutôt une belle partie du parcours. Nous sommes à 500km de Brest et plus qu’a un peu plus de 100km du but. Nous touchons la fin mais nous sommes bien cuits par cette route très vallonée plutôt montante sur cette portion du parcours. Question rapide à Elie pendant que nous mangeons : on dort ou bien on continue ? Elie me regarde, étonné : on continue évidemment ! Avec quelle énergie ? C’est une autre question… Mais s’arrêter pour se reposer à ce moment-là, c’était sans doute dans la tête d’Elie, prendre le risque de ne pas pouvoir repartir.
Le programme est le suivant : 78km jusqu’à Dreux, route encore montante sur la moitié de cette portion, puis 45km facile pour terminer jusqu’à Rambouillet. J’avoue que les près de 80km à venir me font un peu peur prévoyant d’avoir à lutter vraiment contre le sommeil.
Nous prenons le temps, pour repartons pour au moins 4h de route. C’est toujours pareil, au début ça va mais Elie veut en finir plus rapidement et en discutant avec un autre cycliste, ils partent devant un peu plus vite. Assez rapidement, je décide de ne pas chercher à les suivre. Je poursuis à mon rythme.
Je ne roule pas si mal et en tout cas bien mieux que beaucoup qui font du ralenti ou s’arrête le long de la route. On dirait un champ de bataille jonché de soldats endormis sur le bas-côté ou dans les champs le long de la route. Souvent repérables par les lumières rouges de leur vélo encore allumé. Quelle nuit que cette quatrième nuit !
Au détour du chemin, un ravito « clandestin » apparaît proposant café et autre réconfort. Je m’arrête, demande un café et m’effondre sur une chaise. Je reste là un certain temps, entre sommeil et éveil. Puis enfin, je m’expulse de ce havre de réconfort pour continuer ma route. Après une longue ligne droite et plate, j’arrive enfin à Dreux et au contrôle. Je me souviens avoir compter chaque km pour atteindre la ville en enlevant 5km du décompte, me disant que ces derniers km seraient en ville et donc plus faciles. On se motive comme on peut quand on doit trouver l’énergie au plus profond de soi.
A Dreux, il est 4h du matin et c’est horrible : manger me réconforte mais je voudrais me reposer un peu mais dans ce bruit, cette lumière, je n’y arrive pas. Elie réussit à dormir assis sur sa chaise, la tête sur la table où l’on vient de manger puis parterre. J’essaie toutes ces positions mais je suis trop inconfortable. Les 40 ans qui nous séparent comptent pour ce genre d’exercice ! A force de tourner,
je découvre non pas un dortoir mais un coin calme avec des tapis. Je reviens dire à Elie qu’il me faut au moins 30min là avant de repartir. Je peux enfin faire une micro-sieste réparatrice.
Nous repartons donc. Elie fonce vers l’arrivée en m’ayant dit qu’il m’attendrait à Rambouillet avant l’arrivée. Je fonce aussi sur cette route facile mais à mon rythme. Assez vite le jour se lève et les difficultés de la nuit s’estompent. Je trouve même ce moment agréable et le paysage très beau.
Les 15 derniers km dans la forêt de Rambouillet sont moins plats, paraissent forcément interminables mais malgré tout je profite de la vue en savourant ces derniers moments d’effort.
Couper la ligne main dans la main avec Elie a été un grand moment d’émotion d’autant que nous étions acclamés par un public assez fourni. Une fois mon vélo, rangé dans le parc à vélos, un mélange de joie intense et d’épuisement monte en moi. La tension tombe en même temps que des larmes que je ne peux ou veux contrôler. Nous avons réussi notre PBP !
La phase de récupération, c’est d’abord faire le bilan de ses blessures aigües éventuelles en plus de la fatigue. Ce PBP nous a coûté la pot des fesses ! L’irritation est apparue dès les premières 24h. Nous avons pu limiter les dégâts à coup de crème tout au long des 3 jours. Bobo finalement sans gravité mais pédaler en pantalon de ville entre les gares parisiennes pour aller prendre notre TGV de retour était un peu douloureux.
Ensuite sont venus des fourmillements dans les doigts, annulaire et auriculaire de la main gauche pour moi. Elie a le même syndrome dû à un pincement du nerf qui passe dans le coude, semble-t-il. Les symptômes perdurent encore 2 semaines après le retour. Les genoux, le cou ont tenu, rien à signaler pour le reste.
Quant à la fatigue, il nous a fallu une dizaine de jours pour qu’elle s’efface complètement.
Bientôt près pour de nouvelles aventures…
Ancre 1
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